La Stratégie Ender, Gavin Hood.
N'étant pas très en forme, je cherchais à me détendre un peu avant d'aller me coucher. De façon bête et méchante, je me disais que je me ferais bien un film léger, qui ne me demanderait pas trop d'utiliser mes rares neurones.
Et j'ai donc tout naturellement tourné mon choix sur ce film de SF pure, me disant qu'il devait recueillir toutes les caractéristiques attendues, surtout avec Harrison Ford en tête d'affiche (c'est méchant mais... autant je l'adorais dans ma jeunesse, autant maintenant... bon..........).
........ Ce fut une claque monumentale, d'autant plus que je ne connaissais rien à l'histoire.
Un scénario de deux lignes ? Ouhla non la vache, j'en ai fait des cauchemars... Un Harrison Ford vieillard agaçant ? Non..... L'image d'un père qui considère son fils d'"adoption" comme un outil fonctionnel. Un film bourré de gamins qu'on a envie de baffer ? Non.......... Un film bourré de gamins qu'on a envie de sortir de ce piège mais qu'on regarde, impuissant, se faire lobotomiser par l'armée.... Des personnages féminins utilisés juste pour équilibrer un film machiste ? Non, des personnages féminins comme autant de représentations mentales des émotions que le héros tente désespérément de garder en lui, pour ne surtout pas tomber du côté de la folie meurtrière des hommes. Des extraterrestres là juste pour exterminer les Humains parce qu'ils sont des Méchants avec un grand "M"...? Non. Ils ont une logique, que l'on ne découvre que très très très tardivement dans le film.
Et j'ai envie de développer en détail tous ces points. Ca va être long et plein de spoilers XD
Pour commencer, j'aimerais souligner que ça fait vraiiiiiment du bien d'échapper à une nième histoire d'amour juste parec qu'il en faut une dans tous les films. Non par pitié, ça n'a rien d'utile..... et là, justement... malgré le rapprochement évident de certains protagonistes, on y échappe, et c'est une sacrée bouffée d'oxigène. Au moins on nous laisse imaginer ce que l'on veut, et on échappe de surcroit à la traditionnelle scène de cul que tous les réalisateurs semblent ABSOLUMENT vouloir mettre dans leur film, que ce soit justifié ou non. Vous me direz, ça aide que ce soit un film composé à 90% de gamin entre 13 et 15 ans. Mais ce n'est pas ce qui freine les scénaristes d'habitude hein, soyons honnête.
Ca c'était pour le petit truc qui fait du bien.
Pour le reste...
Ender Wiggin est tout simplement..... je ne sais pas comment dire. Il prend aux tripes. L'acteur est magnifique dans ce rôle, impressionnant de maturité, exactement comme l'enfant de l'histoire au final. Un gamin qui cherche désespérément la reconnaissance du père qu'il n'obtient jamais ( ALERTE SPOILER : même son mentor -Harison Ford- ne le lui cède jamais, jusqu'à la toute fin du film où on le découvre culpabilisant mais... non pas de ne pas avoir offert une sorte de palliatif à un manque de reconnaissance, mais juste de l'avoir piégé pour qu'il obéisse jusqu'au bout malgré ses états d'âmes).
Un gamin qui se sent exclu (ALERTE SPOILER : que ce soit dans sa famille où il se sent non désiré - il est le 3e enfin d'un couple dans une époque où le nombre d'enfants par famille se limite à 2 pour cause de surpopulation- , ou à l'école où il est harcelé par les autres élèves, ou encore à l'armée, ou son mentor fait tout pour exacerber cette exclusion, pensant ainsi développer ses capacités).
Un gamin terrorisé à l'idée de devenir aussi violent et psychopathe que son frère, et qui se raccroche alors désespérément à l'hyper sensibilité de sa grande soeur pour ne jamais oublier le juste milieu. A noter que la relation entre lui et sa soeur (et aussi son frère même si c'est plus suggéré que montré) est vraiment très forte, et très intéressante. Je me répète mais pour moi c'est vraiment le symbole très fort d'un adolescent qui cherche à trouver qui il est, en se raccrochant désespérément aux sentiments de sa soeur ( la "Compassion") pour ne pas devenir complètement fou.
Enfin, c'est aussi et surtout un enfant conscient de ses capacités, et terrorisé à l'idée de basculer du mauvais côté de la barrière, de devenir un Homme, au final. Pour moi c'est le vrai sens profond du film, la métaphore que j'y ai vu.
Sincèrement je ne pense pas que ce soit un hasard si TOUS les hommes du film sont violents, bagarreurs, menteurs, nourrissent un trop fort complexe de supériorité ou cherche systématiquement à écraser les plus faibles, que ce soit par les railleries, ou le meurtre.... (ALERTE SPOILER : le père de Ender est incapable d'offrir de l'amour sincère à son fils en dehors d'une protection paternelle totalement inefficace et très vite écrasée par Harrison Ford. Harrison Ford quant à lui lobotomise littéralement des enfants pour en faire des machines de guerre, des tueurs sans scrupules ni pitié. Le frère d'Ender est tellement violent qu'il a éété retiré du programme de l'armée ; le personnage de Ben Kingsley est encore plus glacial que celui d'Harison Ford ; Bonzo va jusqu'à vouloir tuer Ender pour qu'il ne lui fasse pas d'ombre, etc...).
Alors qu'en parallèle, on insiste sur le fait que les femmes atteignent rarement ce niveau dans l'école de l'armée, et qu'elles sont donc en sous nombre évident. Et si dans n'importe quel film j'aurai trouvé ça sexiste, ici je trouve ça tellement... logique, puisque l'on nous montre que justement, c'est parce qu'elles sont très douées, mais doté du coeur qui manque aux autres. Douées de la Compassion qui ferait... qu'elles comprendraient sans doute trop vite le fin mot de l'histoire. C'est ainsi que je l'ai compris, grâce à l'intervention régulière de la soeur d'Ender, qui lui sert à tout comprendre des réelles intentions des Humains... (ALERTE SPOILER : La mère d'Ender est la seule à tenter de persuader son père d'avoir un mot gentil à son égard ; sa soeur Valentine est celle qui l'empêche de devenir fou, et qui de surcroit... lui fait comprendre que les "Bugs" ont en réalité besoin de son aide, de sa Compassion ; les Bugs justement... Comme par hasard, c'est une Reine qui appelle Ender à l'aide. C'est une Reine qui peut sauver l'espèce. C'est une Reine qui dirige les opérations et qui donc venait en paix voir les humains. Et aussi, le bras droit d'Harrison Ford, une femme, est la SEULE à réclamer de la compassion pour les gamins, à essayer de faire comprendre au colonel qu'il ne faut pas oublier que ce ne sont que des enfants...).
On a donc à mes yeux un très fort symbole de la bataille intérieure que se livre Ender pour rester pur, pour garder ses émotions et ses sentiments, sa Compassion, dans un huis-clos où il est surentrainé à tuer.
Ce film ressemble à un film de guerre unilatérale qui serait en fait une complète introspection sur l'enfant qui tente de devenir un adulte Bon.
Enfin, pour ce qui est des Bugs (j'aime pas DU TOUT la traduction française donc je garde la version anglophone)... Là aussi j'ai été scotchée par le message véhiculé par ces créatures qui sont finalement très en arrière plan. Tout comme Ender, jusqu'à la toute fin du film, on ignore tout d'eux, on ne comprend pas grand' chose, et on sent qu'on nous en cache beaucoup - tout comme Ender n'a quasiment jamais réponse à ses questions à ce sujet.
On sent clairement qu'on va avoir droit à un rebondissement, mais... en ce qui me concerne je ne m'attendais vraiment pas à celui là.
A mes yeux encore une fois (non je ne parlerais pas du rebondissement XD), j'ai eu le sentiment que les extra-terrestre étaient surtout là pour le symbole qu'ils représentaient. Pour moi... ils étaient clairement le reflet de notre monde. Ils sont ce qui se passe exactement chez nous en fait, transposé dans un corps d'insecte pour nous faire croire qu'ils sont forcément méchants. Ils sont en surpopulation, leur planète se meurent, ils en ont besoin d'une autre.
Ils ont la même logique aussi, si vous réflechissez bien à leurs actes. Je n'en dirais cependant pas plus sinon je vais raconter tout le film :D
Un dernier spoiler malgré tout, qii a été pour moi le plus gros symbole -et le plus fort- de tout le film. Mais c'est ZE big spoiler tout en étant une interprétation très subjective du film XD
ALERTE SPOILER : La seule chose que l'armée accepte de dire à Ender à propos de "l'Ennemi", c'est que les Bugs étaient là à cause de l'eau. Et lors du face à face absolument magnifique et lourd en émotions entre Ender et la Reine mourante... il pleure, et elle vient récupérer sa larme... ou l'eau de la Compassion en quelque sorte.
Voilà, je crois que le principal est dit.
Et c'est un coup de coeur que je garderai longtemps en tête.
PS : petite note pour ceux qui sont très sensibles et qui voudraient voir ce film. Je l'ai trouvé quand même très dur moralement. Si vous avez tendance à empathiser de trop, vous risquez d'être sacrément chamboulé par ce qui arrive aux enfants, malgré l'absence totale de sang. Ce n'est pas pour autant qu'il n'est pas violent.
PPS : je trouve que le titre anglais (" Ender's Game") colle beaucoup mieux au film, qu'il est lui même tout un symbole repris constamment dans le scénario, où les enfants sont entrainés à tuer comme s'il s'agissait de jeux vidéos sans conséquence. Allez je me tais XD